Elle étouffe. Littéralement.
Ce n'est pas de sa faute, Niclas l'étrangle.
Ce n'est pas de sa faute non plus, elle avait dit que tous les coups étaient permis.
Izhjia jura intérieurement. Elle et son incroyable prétention! Et fallait il en plus qu'elle ai un orgueil sur-développé .
Celui là même qui l'empêche d'abandonner, alors que malgré tous les coups de pieds et de coudes qu'elle donne, le bras de Niclas tient toujours sa gorge en étau.
Elle finira bien par se libérer! Ce n'est pas possible, elle ne peut pas aban...
Elle lève les bras, paume ouvertes.
Et Niclas, essoufflé, qui ne trouve rien de mieux à faire que de déclarer d'un air narquois:
- Il était temps, j'ai bien cru que tu ne déclarerais jamais forfait!
Pour sa part, elle cru qu'elle allait lui mettre un coup de poing.
Alerté par un sixième sens, son punching-ball préféré recula.
Lasse,elle s'affala sur l'herbe sèche que la canicule avait réussi à rendre jaunâtre malgré le couvert des arbres. Niclas s'assit à coté d'elle.
-Il faut qu'on répare le toit, il y a encore des planches qui se sont décrochées.
-Encore?! Mais on en a remis l'hiver dernier!
-Que veut tu, toutes les tempêtes ont fait tomber des branches sur la cabane, déjà pas très solide...
-Alors vient, on fait ça maintenant. Je préfère que ce soit fait avant la nuit.
En quatre ans, l'aspect du refuge avait beaucoup changé. ils avaient construit de nouveaux mur plus solides, et passé plusieurs mois à l'agrandir. Même avec cela, ils ne passaient presque pas de temps à l'intérieur. Elle ne leur servait qu'a entreposer les affaires et dormir. Quand il ne dormaient pas à la belle étoile.
Izhjia sourit. Si sa mère était passé par là elle aurait sans doute pensé s'être trompé de chemin.
Mais elle n'était pas venu. Pas une seule fois. Et si Niclas avait été choqué de l'attitude de sa mère, il avait rapidement compris qu'elle se débrouillait aussi bien sans elle.
Ce qui n'était pas son cas.
Il n'avait jamais vécu sans personne et l'autarcie l'avait paniqué les premier mois. À l'arrivé de l'hiver, elle avait cessé de le paniquer. Il était terrifié. Il du apprendre à chasser, et à identifier les baies comestibles, ce qui pris beaucoup de temps malgré les efforts permanent d'Izhjia. Mais ce ne fut rien comparé aux hivers. Passer un hiver au milieu des bois sans réel abri est quelque chose d'éprouvant. Combien de nuits avaient-ils passées blottis l'un contre l'autre devant le feu? La vrai question est : comment a-t-il pu supporter le statut de prisonnier toutes ces années?
Un prisonnier plutôt consentant, en fait. Une fois habitué, il est difficile de résister au charme de la foret et de la vie sauvage.
Ce qui explique qu'il soit encore là, à réparer en riant le toit de la cabane.
-Izh! Hurla Niclas. Izh!
Le deuxième cri n'avait pas été nécessaire, elle était déjà debout. Fébrilement, elle attrapa les deux sacs à dos qu'elle possédait, et en lança un à Niclas, qui l'attrapa au vol. il resta un moment sans réagir, puis compris et commença à vider l'armoire dans les sacs, imitant Izhjia.
-Vite, cours! dit il en balançant le sac désormais plein sur son dos.
-Il faut que je récupère Hulm, ne m'attend pas.
Elle restait calme, malgré l'empressement de ses gestes tandis qu'elle mettait dagues et poignards dans leurs fourreaux.
Quand elle sortis, Niclas était en train de défaire le nœud de la longe d'Hulm, qui piaffait et se débattait comme une forcenée.
-Nous irons plus vite sur son dos.
Izhjia ne pris pas la peine de resserrer les sangles. Ils accrochèrent les sacs à la selle. Niclas n'eut que le temps de monter que la jument partait déjà au galop. Accrochés à Izhjia, il regarda derrière lui. Il fallait faire vite, sinon ils seraient rattrapés. Auquel cas, leurs dernières sensations seraient les craquements du bois s'embrassant, la chaleur infernale des flammes et l'odeur acre de la fumée.
Elles montaient haut dans le ciel bleu nuit, dévorant le bois de la foret. Izhjia et Niclas, debout non loin, pouvaient en sentir la chaleur. Ils contemplaient le feu de l'incendie qui s'était miraculeusement arrêté à la lisière de la foret de Baraïl, sans se propager dans les hautes herbes de la prairie.
Miraculeusement?
Le vent soufflait toujours dans le bon sens, alors pourquoi le feu s'était il arrêté?
-Combien de temps va elle encore bruler?
Niclas sortait Izhjia de ses pensés contemplatives, comme d'habitude. Celle ci le regarda attentivement. Ses trais fatigués et le tremblement imperceptible de son corps malgré la chaleur ambiante. Il accusait le coup. Mais après tout, ne soufrait elle pas aussi? Il est vrai qu'elle ressentait une certaine douleur dans sa poitrine.
À moins que ce ne soit du à la coupure qui barrait son sternum.
Son absence de réponse ne formalisa pas Niclas, qui commençait malgré tout à la connaître, en revanche, le râle qu'elle émit ne lui échappa pas.
-Comment t'es tu fait ça? Et pourquoi n'a tu rien dit? Attend, allonge toi, je vais voir que que je peut faire.
Il fouilla quelques secondes dans le sac qu'il portait et en sortit une gourde d'eau ainsi que le matériel de soin. Délicatement, il défit la tunique d'Izhjia et examina la plaie. Elle était assez profonde et mériterai d'être recousue, mais les flammes avaient déjà coagulé le sang qu'Izhjia avait perdu et le tissus de sa tunique collait à sa peau. Il soupira et se mit au travail
Celle ci avait encore les yeux rivés sur l'incendie. Même si ses flammes brulaient le lieu qu'elle aimait le plus, ses volutes de fumé et ses ondulations avaient quelque chose de formidablement envoutant. Trop envoutant. Sous ses yeux, les flammes viraient du orange au violet... au noir. Elle dessinait des visages connus, oubliés...
Aveuglantes... partout...
Elle perdit conscience.