Ce soir là comme depuis le début de l'année Noé rentra chez lui après une autre journée sans intérêt au lycée. Il avait beau chercher quelque soit les matières, aucune ne le motivait vraiment, n'étant pour autant pas un cancre Noé était un élève passe partout. Ses résultats étaient trop bon pour qu'il ai besoin d'aide mais pas assez pour qu'il soit considéré comme un très bon élève, rares étaient les professeurs qui s'attardaient sur son cas tant il passai inaperçu dans les salles de classes.
Le bus s'arrêta dans un petit quartier en banlieue. Noé descendit fit quelques mètres et atteignit la cour de gravier qu'il traversa avant d'ouvrir la porte d'une petite maison que les années de négligence avaient finies par rendre quasi insalubre. Il déposa son sac dans le couloir qui servait d'entrée il slaloma entre les bouteilles vides passa devant le salon où il vit son beau père affalé devant la télévision, une bouteille à trois quart vide à la main. D'après le bruit sourd des ronflements il dormait, son occupation principale après boire, crier et se faire virer des pauvres petits boulots qu'il trouvait. Son état plongeait Noé dans une mélancolie profonde tout cela n'était pas comme ça auparavant ...
Il y a encore 5 mois de cela cette maison était pleine de vie et non de ténèbres car il y a 5 mois sa mère était encore en vie. Sa mère, Illyana, était une femme douce et pleine d'attentions envers son fils Malheureusement sa capacité à trouver un homme pour partager sa vie était bien moins grande et à maintes reprises elle s'était interposée entre lui et l'homme qui partageait un toit qu'il prétendait sien. Elle répétait toujours cette phrase "un jour Noé tu comprendras mes choix et tu verras que tu es destiné à de grandes choses".
Pourtant il n'y croyait plus, tout les espoirs de sa mère s'étaient envolés avec elle et tout cela c'était de sa faute. Lui qu'elle aimait tant l'avait tué, cette pensée lui transperçait le coeur à chaque battements depuis 5 mois. Tout ça parce qu'il avait insulté un autre élève qui avait insulté sa mère pour narguer Noé. Cela lui arrivait bien souvent qu'on se moque de sa situation mais cette fois-ci il avait craqué au point de finir en retenue. Le soir Illyana devait le chercher car les bus scolaires ne passaient plus. Mais en chemin elle fut une des nombreuses et malheureuses victimes d'un cambrioleur qui fuyait la police, sa mère fut la dernière voiture qu'il croisa car elle fut aussi celle qui stoppa sa course folle. L'allure du chauffard ne lui laissa aucune chance lors de l'accident ni même à Illyana qui fut tuée sur le coup. Bien sûr l'agent de police avait tout fait pour que Noé ne se sente pas coupable mais c'était trop tard. Depuis ce jour Noé n'avait cessé de repenser à cette journée, s'il n'avait pas craqué elle serait encore là ...
Il entra dans sa chambre se jeta sur sur le lit et les yeux noyés dans sa tristesse il décida de se plonger dans la musique, la meilleure façon qu'il avait encore de se libérer l'esprit et de s'évader ne serait ce qu'un instant de cette maison et de cette vie. Seulement son évasion était de courte durée son beau père venait de se réveiller du mauvais pied et avait faim, comme après chaque sieste ne sachant pas cuisiner, il alla titubant en direction de la chambre de Noé. Ses mouvements tenaient plus d’un enchaînement de gestes hésitant et de rattrapages in extremis que d’une vraie démarche. Il frappa à la porte en appelant Noé, aucune réponse; Il frappa encore en mettant plus de force cette fois ci, toujours aucune réponse. De l'autre côté de la porte Noé toujours absorbé par sa musique sorti de son état d'hypnose mais ne broncha pas pour autant. "Cet abruti n'a qu'à se débrouiller je ne suis pas sa bonne" se disait-il en augmentant le volume. Son beau père commençait lui de son côté à perdre patience.
-"Noé ! Sort de cette chambre et dépêche toi d'aller faire la bouffe ! Sinon je te sors par la peau des fesses !" lança t il.
-"Va te faire voir, sale ivrogne !" Lui répondit Noé.
Son beau père sortit de ses gonds et par la même occasion réserva le même sort à la porte de la chambre de Noé. Il se recula et asséna un grand coup de pied dans la porte qui céda. Noé surpris par le bruit eu le temps de se retourner le temps de voir son beau père lui aussi surpris d'avoir fracturé la porte cherchant des prises afin de retrouver son fragile équilibre. Lorsqu'il réussi à se stabiliser il lança:
-"Et maintenant tu comptes encore me dire d'aller me faire voir petit imbécile ?"
Noé voulu lui répondre mais les premières syllabes voulant sortir de sa bouche furent stoppées par une grande gifle. Son beau père était vraiment en fureur. Il lui envoya le revers de la première gifle et s'écria:
-"Comme si ça ne te suffisait pas de vivre sous mon toit gratuitement tu te permets de me répondre ?!
- Ceci n'est pas ta maison elle ne l'a jamais été sans maman tu serais dehors à cuver dans une poubelle ! Tu n'es qu'un incapable !" lui répondit Noé.
-"Comment oses tu ?! C'est de ta faute si on est là ! Sans toi elle serais encore en vie espèce d'imbécile ! Tu ne mériterais même pas d'avoir vu le jour !" vociféra son beau-père.
Il frappa Noé d'un grand coup qui le projeta tête la première dans la table de chevet. Alors que Noé sentit un liquide chaud couler le long de sa tempe il leva le regard et tomba sur une photo de lui et de sa mère faite lors de son 9e anniversaire. Ce jour là elle était venue le réveiller en déposant ses lèvres contre son front et lui chanta joyeux anniversaire au creux de l'oreille. A ce moment précis il avait été le garçon le plus heureux du monde, mais c'était du passé. L'instinct de survie de Noé le sortit de ses souvenirs in extremis ce qui lui permit d'éviter un cadre photo qui s'explosa contre le tiroir de la table de chevet. La photo qui tomba avait été prise dans un grand parc naturel lors d'une journée ensoleillée il y a an de cela. Lors de cette journée la mère de Noé lui avait dit à quel point elle était fière de lui et qu'elle le considérait comme le seul vrai homme de la maison. Ce souvenir fut lui aussi bref car écourté par une nouvelle gifle assénée avec force. Le visage de Noé était maintenant partiellement couvert de sang, sa lèvre inférieure s'était ouverte et le gout en coulant dans sa bouche le fit revenir à la raison. Il fallait qu'il se défende sinon son beau père allait en faire qu'une seule bouchée. Il profita d''un instant d'hésitation de son beau père pour se saisir d'une chaise afin de se protéger. Il avait sans cesse l'image de sa mère qui lui remontait en tête le plongeant dans de nouveaux souvenirs tous plus douloureux les uns que les autres. Cette fois il était sur un terrain de Baseball, il avait 12 ans et s'était fait virer du terrain car il manquait de force pour taper dans la balle. Sa mère était venue et lui avait dit:
"N'écoute pas ce que disent les autres autour de toi, tu n'es pas comme eux tu es spécial, si tu voulais tu aurais pu tous les battre, tu es un Odmor". Ces mots il ne les avait pas compris à l'époque et pourtant ils résonnaient maintenant en lui. Quelque chose venait de se passer en lui, une lueur nouvelle venait de s'allumer dans ses yeux. Il pointa un regard noir sur son beau père et lui cria:
"Je ne suis pas comme toi, je suis spécial et je ne me laisserai pas faire par un ivrogne incapable comme toi !"
Il empoigna sa chaise et frappa un grand coup contre le bras droit de son beau père qui n'eut qu'à peine le temps de se protéger tant il avait été surpris par le retournement de la situation. Noé ne lui laissa pas le temps de réfléchir et frappa à nouveau avec sa chaise et brisa un pied contre les côtes de son ex assaillant. Il lança cette fois ci la chaise de toutes ses forces qui allait se fracasser et sonna son beau père, qui chancela il était terrifié lui qui se croyait le plus fort était devenu la victime. Noé avait les yeux rouges à la fois empli de larmes dus à la douleur et de fureur. Il se saisit du pied cassé de la chaise et se mis à battre celui qui avait déjà tant lâché ses nerfs sur lui. Il entendit le bruit sourd des os qui se fracturaient sous ses coup, du sang vint à éclabousser son visage mais il ne comptait pas s'arrêter pour autant. il continua de rouer de coups sa victime jusqu'à ce que ses forces le quittent ce qui arriva bien après le dernier souffle de son beau père.
Noé se releva il y avait du sang partout contre le mur et sur ses vêtements il contempla le corps inanimé et quasiment démembré sur le sol, les volets de sa chambre étaient entrouverts et laissaient passer de faibles rayons de lumière, la scène avait duré quelques minutes tout au plus.
"Désormais le Noé que tu avais connu s'en est allé, je ne me laisserai plus faire par des gens inutiles comme toi".
Son coeur battait à 100 à l'heure et son cerveau allait exploser, il pensait bien sûr à sa mère.
"Tu as vécu toute ta vie dans l'ombre en te laissant marcher dessus cela ne m'arrivera pas et tu verras tu pourras être fière de ton fils".
