Le lendemain, la caravane arrive aux abords d'un lac. Il n'est pas ce qu'il y a de plus grand, mais il est entouré de bosquets et de rochers, ce qui lui donne un certain charme. Einkurt n'est pas ce qu'on peut appeler un féru de propreté ( dans un voyage comme celui-ci, l'eau est précieuse, et les occasions de se laver sont rares),mais un bon bain, ça ne se refuse pas.
Tandis que les Itinérants s'installent, il fait rapidement le tour du futur campement pour vérifier qu'il n'y a pas de dangereux animaux -ou mercenaires- dans les parages. Du coin de l'oeil, il voit Sayanel faire de même. Vérifications faites, Il s'écarte un peu pour se déshabiller, puis trempe un orteil.
Elle est fraiche !
Alors qu'il avance doucement dans l'eau, il sent ses muscles se contracter sous l'eau froide puis se détendre, une fois habitué. L'eau lui arrive désormais à la taille. Il prend une profonde inspiration puis plonge. Il parcourt quelques mètres sous l'eau, profitant de son élan, puis sort reprendre sa respiration. Il relève la tête, ouvre les yeux, et se retrouve nez à nez ,ou plutôt nez à museau, avec un chuchoteur. Son chuchoteur. Il ne sait pas depuis quand, il ne sait même pas si un chuchoteur peut appartenir à quelqu'un, mais il s'est mis en tête que ce chuchoteur pouvait être lié à sa destinée.Et il aimait cette idée, autant qu'il aimait cette petite boule de poil. De nouveau, il ressentit l'immense sensation d'apaisement qui émanait de lui.
Au début, perdu dans ses pensées, il avait cru que le chuchoteur flottait sur l'eau, mais il était en fait posé sur un rocher. Einkurt, dans son plongeon, l'avait d'ailleurs évité de peu !
Le chuchoteur semble vouloir capter son attention : il sautille sur place. Puis, lorsqu'il sait qu'Einkurt l'observe, il saute de rocher en rocher, d'abord lentement, puis s'assurant qu'Einkurt le suit, de plus en plus rapidement. Le chuchoteur mène Einkurt sur la rive opposé -heureusement qu'il avait gardé ses dessous pour sa baignade! -, puis disparait. Einkurt, déçu et surpris , s'apprête à retourner dans l'eau quand il entend un bruit. Léger. Imperceptible pour celui qui n'écoute pas. Celui d'une branche qui craque sous le pied d'une personne. Il se retourne, prêt à bondir. Sa respiration est lente, presque arrêtée. Tous ses sens sont en éveil.
C'est alors qu'il le voit.
Un mercenaire.
Avec un bandeau rouge noué autour de son bras gauche. Rectification : un bandage blanc taché de sang rouge noué autour de son bras gauche.
Son sang ne fait qu'un tour, il bondit sur l'ennemi.
Le pauvre mercenaire, n'ayant vu le Thül que deux secondes auparavant, s'écroule sous le poids de celui-ci. Il tente de se débattre,lance son poing dans la figure du Thül qui stop net le bras à quelques millimètres de son visage.Le mercenaire, agile, essaye de retirer son bras, mais le Thül est nettement plus fort. Rapide lui aussi, il s'est placé en position de clef de bras. La douleur est quasiment insupportable pour un être humain ... pas pour le mercenaire, qui malgré la douleur, résiste en contractant ses muscles. Le Thül résiste et accentue la pression.
" - Alors, c'est à cause de toi que j'ai du interrompre mon bain ?!
- Je, euh, quoi ?, fit le mercenaire, surpris par ce début de dialogue peu commun. En effet, il s'attendait à une bordée d'injure et à des menaces, voir à quelques coups.
-Tu as intérêt à me dire pourquoi tu es la, et vite où je t'envoie rejoindre tes aïeuls , le menaça le Thüls."
Le mercenaire, pas impressionné par cette formulation, lui crache à la figure. Il l'atteint dans l'oeil. Le Thül, l'oeil dégoulinant de bave et sous le coup de la colère casse le bras du mercenaire. Ce n'est pas beau à voir, le bras est tordu à angle droit, mais dans le mauvais sens. Le mercenaire manque de tourner de l'oeil, mais il se reprend, et tenant à sa vie, du moins à son intégrité physique, il opte pour une semi vérité.
"- Je passais par ici pour une mission, j'ai entendu du bruit, alors je me suis caché pour passer discrètement. Je ne veux pas de mal à la caravane !
-Mouais, lâcha le Thül à demi convaincu, et quelle est cette mission, si je peux me permettre ?
-Je ... je dois retrouver quelqu'un, et l'amener à ma guilde, concéda le mercenaire.
-Et la blessure à ton bras - celle du bandage hein, pas le bras cassé ! - qui te la faite ?
- Un tigre des prairies , je l'ai tué mais il à réussi à m'attraper un bout de peau. La dépouille est à 5km au Nord.
- Bon, alors toi et moi, on va passer un marché : je te laisse en vie, et je t'attache à un arbre jusqu'à notre départ, au cas où, et je te relâcherai. Si tu tentes quelque chose, ou si nos chemin se croisent à l'avenir, couik !"
Le mercenaire ne se mépris pas sur le sens de ce ''couik'' et accepta, après tout, il n'avait rien de plus à perdre.
Une fois le mercenaire attaché solidement à un arbre, et après avoir vérifié qu'aucun de ses petits compagnons ne trainaient dans les parages, Einkurt repartit vers le lac en souriant. Il jurerait avoir aperçut le chuchoteur sur la branche de l'arbre auquel il avait ligoté le mercenaire.
Il souffle un merci puis court jusqu'au lac où il effectues un plongeon parfait pour rentrer dans l'eau.
Perché sur une haute branche, à l'abri des regards, Sayanel sourit, satisfait de l'attitude du valeureux guerrier sensé protégé la caravane. Il avait l'intention d'interrogé ce mercenaire, et faire parler les morts est plus difficile que de faire parler les vivants!
Modification en vert :)